Ce que vous devez savoir sur l'hémorragie de la délivrance
L’hémorragie de la délivrance peut être un sujet angoissant, cependant comprendre ce phénomène, vous permettra d’agir efficacement, et de vous y préparer, si nécessaire. Que vous soyez enceinte, déjà maman, ou curieuse d’en savoir plus, cet article vous délivre les causes, les traitements, et les moyens de prévention, tout en répondant à vos questions. Vous êtes en train de vivre cette expérience, alors vous trouverez comment vous en remettre, car je suis moi-même passée par cette épreuve. Notre but ? Vous informez pour vous rassurer.
Comprendre ce qu'est une hémorragie de la délivrance
Reconnaître des saignements post-partum importants
Une hémorragie post-partum survient après que bébé soit sorti, lorsque les vaisseaux intra-utérins, intra-vaginal et/ou intra-vulvaire continuent de saigner. Elle est diagnostiquée lorsque la perte de sang dépasse les 500 mL en accouchant par voie basse, ou 1 L avec une césarienne. La quantité est déterminée par le remplissage d’un sachet de récupération gradué, et qui est placé sous les fesses de la maman. Ce phénomène se présente sous deux formes : une hémorragie externe, ou interne, selon que le sang s’évacue, ou non.
Différencier l'hémorragie précoce et l'hémorragie tardive
Une hémorragie précoce survient dans les 24 premières heures après l’accouchement, et est souvent liée à un défaut de rétraction utérine, nommé atonie. Lors de l’accouchement, l’expulsion de l’enfant s’accompagne de celle du placenta, qui se détache de la paroi utérine. Ce processus libère les vaisseaux sanguins qui le relient à l’utérus. Si le placenta est totalement expulsé, l’utérus se contracte pour fermer ses vaisseaux, stoppant ainsi les saignements. Cependant, il arrive que des fragments placentaires restent attachés à l’utérus, et que ces résidus empêchent une contraction complète. Ce qui peut provoquer des saignements intervenant dans les 24 heures à 6 semaines post-partum, qui sera défini d’hémorragie tardive.
Se renseigner sur la fréquence et la gravité : chiffres clés
Selon la Haute Autorité de Santé en France, environ 5 % des accouchements sont concernés par une hémorragie de la délivrance, soit 10 sur 10 000. Malgré tout, elles représentent encore 20 % des causes de mortalité maternelle. Toutefois, grâce aux progrès médicaux, près de 80 % des cas graves peuvent être évités, par une prise en charge rapide.
Identifier les causes et les facteurs de risque d'épanchement utérin
Les causes principales de l'hémorragie de la délivrance
L’hémorragie de la délivrance est souvent liée à des causes précises, qui affectent le processus naturel post-accouchement. Parmi les plus fréquentes, nous retrouvons :
- L’atonie utérine : l’utérus ne se contracte pas suffisamment, après l’expulsion du placenta, laissant les vaisseaux sanguins ouverts.
- La rétention de fragments placentaires : des morceaux de placenta restent attachés à la paroi utérine, ce qui empêche l’utérus de se rétracter correctement.
- Les lésions des voies génitales : des déchirures vaginales, périnéales, ou des épisiotomies particulièrement étendues, peuvent provoquer une perte de sang importante, si elles ne sont pas bien suturées.
- Les troubles de la coagulation : ces anomalies, qu’elles soient préexistantes, ou déclenchées par des complications de grossesse, empêchent le sang de coaguler normalement.
- Inversion utérine : c’est dans le rare cas, où la surface interne de l’utérus se retrouve extériorisée à la vulve.
Les facteurs de risque à repérer avant un accouchement hémorragique
Il existe des facteurs de risque qui amènent à être vigilants, les plus connus sont :
- Surdistension utérine : c’est lorsque l’utérus est distendu à cause d’une macrosomie (bébé de plus de 4 kg), d’une grossesse multiple (exemple gémellaire), ou d’une plus grande quantité de liquide amniotique (hydramnios).
- Travail prolongé : la durée moyenne de travail est d’environ 12 à 18 heures pour un premier accouchement. Lorsqu’il se prolonge au-delà de cette durée, il peut fatiguer l’utérus, et compromettre sa capacité à se contracter, après la sortie de bébé.
- Accouchement rapide : l’utérus n’a pas le temps de se préparer, et même après la délivrance, il ne se contracte toujours pas.
- Instrumentalisation de l’accouchement : c’est lorsque le personnel médical utilise les forceps, la ventouse, ou l’épisiotomie pour faciliter l’expulsion du bébé, en cas de difficulté. Les forceps ressemblent à des grandes pinces qui saisissent la tête du bébé, tandis que la ventouse est une sorte de cupule, qui fonctionne par aspiration.
- Fibrome utérin : c’est une tumeur bénigne de l’utérus qui peut compliquer la contraction utérine après l’accouchement, augmentant ainsi le risque d’hémorragie.
- Âge maternel : lorsque la maman est âgée de plus de 39 ans.
- Infection maternelle : si la température de la maman augmente pour une infection, cela peut engendrer une infection de l’utérus.
- Utilisation excessive d'ocytocine : lors du déclenchement, ou à forte dose lors de l’accouchement.
Agir : traitements et prévention de l'hémorragie post-partum
Le personnel médical suit des protocoles stricts en veillant à respecter le même ordre chronologique, pour gérer les complications post-accouchement. Il est à rappeler qu’avant il y a deux étapes qui sont :
- Le peau à peau avec bébé sur maman qui naturellement conduit à la production d’ocytocine par la mère. Celle-ci est accentuée, s’il y a une tétée de bienvenue, un des bienfaits de l’allaitement.
- Le massage utérin pour toutes les femmes, qui consiste à masser le bas du ventre, pour indiquer à l’utérus qu’il peut reprendre sa taille initiale.
Dans le cas où le sachet gradué placé sous la maman, affiche que la quantité de sang a dépassé les 500 mL, la procédure est la suivante :
- Révision utérine : recherche de débris à l’intérieur de l’utérus pour s’assurer qu’il soit vide, et examination de la vulve.
- Perfusion d'ocytocine à forte dose pour aider l’utérus à contracter.
- Tamponnement intra-utérin : insertion d’un ballonnet dans l’utérus qui fonctionne comme un ballon de baudruche. Il est gonflé à l’intérieur afin de comprimer les vaisseaux.
- Traitement chirurgical : ligature des artères utérines, ce sont des clips posés sur les artères pour cesser le saignement.
- Dans le cas où la maman serait stable, il lui est proposé un traitement radiologique, c’est-à-dire une embolisation sélective des artères utérines.
- La dernière étape, s’il n’y a toujours pas d’arrêt de saignement, devient une question d’urgence vitale. Il sera annoncé à la mère l’hystérectomie, qui signifie le retrait complet de l’utérus.
Se reconstruire après une hémorragie obstétricale
Récupérer physiquement et psychologiquement
Après avoir vécu une hémorragie de la délivrance, nous avons encore plus besoin de repos, d’une bonne alimentation, et parfois des compléments en fer. De plus, s’il existe une anémie trop importante et/ou mal tolérée par la maman, la transfusion de globules rouges peut avoir lieu. Faites vous accompagner dans le choix de cette hygiène de vie. Profitez des jours à la maternité, pour vous faire assister. Sur le plan psychologique, cette expérience peut vous laisser des craintes, ou même des incompréhensions. En discutant avec l’équipe médicale, une psychologue, ou même avec nous, il vous sera plus facile de surmonter cette épreuve. Je l’ai moi-même vécue, et je sais ce que vous êtes en train de vivre.
Trouver du soutien : groupes de parole et entourage
Vous pouvez participer à des groupes de parole entre mamans, ou vous pouvez consulter des associations spécialisées, ce qui aidera à verbaliser vos émotions. Un soutien familial bienveillant est également un pilier essentiel pour se reconstruire. Ne vous enfermez pas dans un état qui vous rend malheureuse, le post-partum est suffisamment compliqué. Mes DM sur Instagram sont ouverts, si vous ressentez l’envie de parler.
Les impacts sur les grossesses futures
Si vous avez l’espoir d’avoir une future grossesse, ou si dans les années à venir, l’envie se présente, il ne faut pas s’inquiéter. Il suffira de le signaler lors de votre suivi, et il sera renforcé. Des mesures préventives seront mises en place, et adaptées. Il existe beaucoup de mamans qui vivent des accouchements ultérieurs, sans complications majeures. Je vous le confirme, car j’ai accouché pour la première fois en ayant une hémorragie de la délivrance, et ça s’est merveilleusement bien passé pour mes 3 enfants après. J’ai même accouché de ma quatrième en siège par voie basse.
Mon témoignage sur l'hémorragie de la délivrance, lors de mon premier accouchement
Le jour de l'accouchement de mon premier enfant
L'accouchement de mon premier enfant a été marqué par une épreuve inattendue. J'étais enceinte de 10 mois (J+7) sept jours au-delà du terme, et les médecins avaient convenu que je ne pouvais pas aller plus loin dans ma grossesse. Ce matin-là, à 8 heures, je me suis rendue à la maternité pour être déclenchée. Le processus s'est bien déroulé, mais il a été long… très long. Mon fils est finalement né à 19 h avec l’assistance d'une ventouse. Il pesait 4 kilos à la naissance. Le corps médical a émis l'hypothèse que j'avais probablement un diabète gestationnel passé inaperçu – une hypothèse confirmée par mes grossesses suivantes, où ce diabète a été pris en charge dès le début.
Après la délivrance, les complications sont apparues
L'accouchement s'est achevé par une épisiotomie et quelques points de suture. Tout semblait aller pour le mieux, jusqu’à ce que les complications commencent. J'ai ressenti une forte pression, et soudain, une hémorragie massive s'est déclenchée, détruisant les sutures. C'est le choc, je viens de perdre 3 litres de sang. Le personnel médical a réagi immédiatement. Le chef du service est arrivé. Ils ont utilisé un ballon de tamponnement pour comprimer les vaisseaux, et stopper le saignement. La situation était toujours critique, et ils m’ont transfusé. Sauf que la transfusion a déclenché un choc anaphylactique, révélant une allergie au plasma frais congelé.
Mon transfert et ma séparation avec mon fils
Face à cette urgence, ils ont décidé de me transférer dans un hôpital de niveau supérieur, l'Hôpital Jeanne de Flandre à Lille. Là-bas, une technique avancée permet de suturer chaque tissu de l'utérus afin d'éviter une hystérectomie, ce que je redoutais plus que tout. L'idée de ne plus être enceinte, et de ne plus avoir d’enfants m'était inconcevable. Le transfert a été une véritable épreuve. Une fois sur place, les médecins ont réussi à stabiliser la situation. L'hémorragie s'est arrêtée, et l'utérus a été sauvé, grâce à Dieu. Je suis reconnaissante d'avoir survécu, et d'avoir pu retrouver mon bébé après 4 jours de séparation. Ce fut un parcours difficile, marqué par une fatigue physique extrême, et un épuisement émotionnel.
L'apprentissage de cette épreuve
Sur le plan psychologique, j'ai été suivie par une pédopsychiatre. Cependant, à mon sens, je trouvais qu’ils se focalisaient davantage sur ma capacité à m'occuper de mon enfant, que sur mon propre besoin de soutien. Cette expérience m'a appris à quel point la foi, le repos, le soutien familial, et l'accompagnement psychologique sont essentiels, après un tel événement. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, cet accouchement traumatique ne m'a pas dissuadée d'avoir d'autres enfants. J'avais besoin de vivre une autre expérience, plus douce, plus proche de ce que l'on imagine comme un « bel accouchement ». Grâce à Dieu, mes trois accouchements suivants se sont déroulés sans complications, et sans hémorragies. Aujourd'hui, en repensant à ce premier accouchement, je réalise à quel point il m'a transformée. J'ai appris à accepter le décret divin, à voir dans chaque épreuve une leçon. Oui, l'accouchement est un moment magnifique, et c'est aussi un moment difficile qui nécessite lucidité et préparation.
Si vous traversez ou avez traversé une hémorragie de la délivrance, sachez que le repos sera votre meilleur allié. Entourez-vous de proches bienveillants, acceptez leur aide et, surtout, prenez le temps de vous reconstruire, physiquement et émotionnellement. Et si vous ressentez le besoin de parler, je vous invite à consulter un professionnel, ou même à partager votre expérience avec moi. Vous n’êtes pas seules. L’hémorragie de la délivrance, bien que sérieuse, peut être maîtrisée grâce à une bonne préparation et une prise en charge rapide.
Avec l'aide et la vérification de Fiona, médecin généraliste.