Mère de lait : un guide complet pour répondre à vos interrogations

Nous pensons encore que l’allaitement est réservé uniquement aux femmes venant d’accoucher. Il en est tout autre dans la réalité. Un nourrisson peut être nourri par le lait maternel, ou du lait infantile. Le bébé dès les premiers jours de sa vie peut être allaité par une mère de lait qui n’est pas sa mère biologique. Comment allaiter un enfant qui n’est pas le sien ? Pouvons-nous allaiter un enfant sans avoir été enceinte ? Qu’est-ce qu’un frère, ou une sœur de lait ? Vous allez découvrir dans cet article, l’univers de la mère de lait, de son origine à sa pratique, ainsi que ses risques, et ses avantages.

Qu’est-ce qu’une mère de lait, et qui est-elle ?

Ce qui la définit

Une mère de lait est une femme qui produit du lait maternel, et qui allaite au sein de manière régulière, un bébé dont elle n’a pas accouché. De nos jours, cette pratique est plus souvent connue sous le nom d’allaitement croisé, ou cross nursing en anglais. La mère de lait peut être une amie, une membre de la famille, ou une personne volontaire. Ce geste est souvent motivé par le désir d'offrir les bienfaits du lait maternel à un enfant, ainsi que par une solidarité, et un soutien envers la mère biologique. Les mères de lait peuvent choisir d'allaiter l'enfant temporairement, ou sur une base plus permanente, en fonction des besoins de la famille, et des arrangements convenus entre les parties impliquées.

La mère de lait dans l’histoire

Historiquement, les mères de lait jouaient un rôle important dans l'alimentation des nourrissons, en particulier lorsque les mères biologiques n'étaient pas en mesure de le faire. C’est une pratique qui était très courante à l’époque de nos grands-mères, ou arrière-grands-mères, ainsi que dans certaines cultures. Elle se réalisait au sein du cadre familial, ou proche. Lors des guerres, ou des crises, le lait se faisait rare, et les femmes n’avaient pas d’autres options que de demander aux femmes qui allaitaient de nourrir leurs enfants. Aujourd’hui, elle devient méconnue, et le terme de mère de lait ne s’emploie quasiment plus. Bien que cette pratique soit moins courante dans notre société, elle peut encore être observée dans quelques régions du monde, où elle est considérée comme une manière traditionnelle d'assurer la survie, et le bien-être des nouveau-nés.

La différence avec une nourrice

Être une mère de lait, c'est bien plus qu'une simple expression. C'est un engagement profond envers la santé et le bien-être des bébés. C’est une expérience transformative pour la mère biologique, celle qui allaite, et l’enfant. La principale différence entre une nourrice et une mère de lait, réside dans leurs rôles. En plus de l’alimentation, la nourrice a de nombreuses responsabilités, tandis que la mère de lait se concentre uniquement sur l'allaitement. La relation entre une nourrice et une famille peut être très proche, elle devient parfois une figure maternelle supplémentaire pour les enfants qu'elle élève. Cette pratique était courante avant que les modes de garde, tels que les crèches et les garderies, se répandent jusqu’à devenir la norme.

Devenir une mère de lait

Toute femme peut devenir une mère de lait tant qu’elle peut produire du lait. En général, nous devenons une mère de lait dès que nous allaitons un enfant dont nous n’avons pas accouché, que ce soit à temps complet, ou de manière occasionnelle. Il existe plusieurs cas comme nous verrons. Si vous avez déjà pris soin d’un bébé affamé d’une personne, il est probable que vous ayez pensé qu’il serait plus simple de l’allaiter. Si vous étiez en train de produire du lait à ce moment-là, vous vous êtes peut-être posée la question de le mettre au sein.

Allaiter sans avoir été enceinte

Cela concerne notamment les mamans qui adoptent un enfant, ou celles qui ont perdu un être cher, et qui souhaitent poursuivre l’allaitement. C’est possible, mais cela requiert de la patience et de la persévérance. Une femme peut allaiter même en période de ménopause, après une hystérectomie (retrait de l’utérus), ou en étant stérile. Cette production de lait qui ne fait pas suite à un accouchement, se nomme la lactation induite. Elle répond à un protocole d’hormones, et à une préparation psychologique et physique ardue durant plusieurs mois. Ce qui est sûr, c’est qu’allaiter un enfant sans avoir été enceinte est possible. Dans ce cas, si la femme parvient à allaiter, elle sera une mère de lait.

Pourquoi avoir recours à une mère de lait ?

Par conviction personnelle, ou religieuse

Certaines mères sont dans l’incapacité d’allaiter leurs propres enfants. Plusieurs choix s’offrent à elles, pourtant elles décident que pour subvenir aux besoins nutritionnels de l’enfant, une mère de lait est la solution idéale. Voici quelques raisons possibles :

• ne pas vouloir faire appel à un lactarium ;
• ne pas vouloir de lait pasteurisé ;
• ne pas vouloir de lait industriel ;
• le prix du lait en poudre ;
• l’intolérance de l’enfant au lait artificiel ;
• etc.

Il existe d’autres explications qui mènent à ce choix de recourir à une mère de lait. Qui plus est, la conviction religieuse peut être à l’origine de ce choix comme dans l’Islam, où le fait de donner le sein à un enfant qui n’est pas le sien est coutume. En nourrissant au sein un autre enfant que le sien, tous deux deviennent des frères, ou sœurs de lait. Nous découvrirons en détail dans le prochain article de blog, la mère de lait en Islam. Au-delà des religions, le lait maternel étant l’aliment par excellence pour le nourrisson, nombreuses sont celles qui décident d’allaiter, ou de faire allaiter son enfant par une autre femme.

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En cas de maladie, ou d’absence de la maman

Il est possible dans certains cas, que la maman ne soit plus présente pour l’enfant, soit pour cause d’hospitalisation, ou dans des situations plus rares, et malheureuses, le décès de celle-ci. Dans ces moments tristes, même la Leche League Canada reconnaît que le partage du lait est vital pour les bébés. Il n’est pas rare qu’une mère souffre d’une maladie nécessitant un traitement contre-indiqué pour l’allaitement. Ces mères sont désireuses d’allaiter leur enfant, de les nourrir avec ce qu’elles considèrent de meilleur, et font appel à des personnes proches d’elles pour allaiter à leur place durant cette période. C’est souvent dans cette situation, qu’un allaitement croisé voit le jour. Lorsque les effets du médicament s’estompent, la mère biologique reprend l’allaitement.

Comment se déroule l’allaitement croisé ?

Différentes conditions pour mettre en place l’allaitement partagé

Il est important avant d’entrer dans une relation d’allaitement croisé avec une autre mère, de se faire confiance mutuellement. Généralement, c’est une personne de l’entourage, et qui partage les mêmes convictions. Un entretien préalable avec la mère de lait permettra de fixer les moments d’allaitement de l’enfant. Il est possible d’examiner les critères que les banques de lait utilisent pour aider à déterminer si le lait d'une personne est sûr pour le bébé. Il y a des critères qui ne pourront pas être appliqués, comme l’envoi d’un questionnaire médical à son médecin, ou autre. Cependant, cela permet de donner des pistes.

S’assurer de la bonne santé de la mère de lait

Après avoir établi une relation de confiance, si celle-ci n’existait pas auparavant, il faut s’assurer que la mère de lait est une hygiène de vie irréprochable. C’est essentiel pour garantir la bonne qualité du lait. Avant de commencer, contrôler les facteurs de risque comme le tabagisme, la prise de médicaments, l’alcool, la consommation de drogues, etc. Il n’y a pas que ces critères à prendre en compte, il faut également s’assurer de l'état de santé général, si la mère de lait n’est pas atteinte d’une maladie particulière transmissible par le lait maternel.

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Quels sont les risques du cross nursing ?

La transmission de maladies lors de l’allaitement

Si la mère de lait est atteinte d’une maladie transmissible par le lait, il se peut que les bactéries soient présentes dans le lait, et celles-ci peuvent causer des septicémies, ou des méningites chez le nourrisson si elles sont ingérées en quantité importante. Des virus peuvent aussi être présents comme le VIH (virus de l’immunodéficience humaine), le HTLV (virus T-lymphotropique), les hépatites, etc. Qui plus est, si les conditions de transport et de conservation du lait ne sont pas encadrées, une dégradation des nutriments, et un développement bactérien peuvent se produire. Sauf si, la mère de lait allaite directement l’enfant. Car il peut arriver parfois que la mère de lait se tire le lait afin de nourrir l’enfant en cas d’absence.

Mauvaise qualité du lait maternel

Il est pour nous essentiel de vous mettre en garde sur la dérive d’une pratique naissante sur les réseaux sociaux, même si cet article concerne uniquement les mères de lait. Désormais, il est commun de trouver des petites annonces sur la vente de lait maternel. Bien évidemment, par prudence, il est déconseillé d’en faire usage. Selon une étude américaine, 74 % des échantillons obtenus sur Internet contenaient un taux de bactéries supérieur aux banques de lait. De plus, 10 % des échantillons contenaient du lait de vache. En France, seuls les lactariums sont autorisés à recueillir, traiter, et distribuer le lait maternel selon l’article L.2323-1 du code de santé publique.

Refus du nourrisson à téter une autre femme que sa mère

Tous les bébés ne coopéreront pas facilement avec l’allaitement croisé. Être une mère de lait ne relève pas uniquement de la volonté, puisque l’enfant selon le timing, l’odeur, l’âge, et d’autres facteurs, pourra être désorienté, ou frustré. Dans cette situation, l’enfant pourra même refuser de prendre le sein de la mère de lait. Les mères ont signalé que les bébés de quatre mois, ou plus, refusent souvent de téter une autre femme, et choisissent d'attendre que leur propre mère (ou mère principale qui allaite) revienne. Parfois, les bébés de cet âge refusent également de prendre un biberon comme substitut de l'allaitement maternel.

La baisse de production de lait maternel

Si nous allaitons un autre enfant en plus du nôtre, notre corps peut ne pas fournir suffisamment de lait pour les deux enfants. Cela survient lorsque l'autre bébé nécessite plus de lait que ce que le corps produit. Divers facteurs, y compris l'âge des deux enfants allaités, et la régularité de l’allaitement croisé, affecte si oui, ou non la quantité de lait pourra être augmentée pour répondre aux besoins des deux. De même, si quelqu'un d'autre allaite notre bébé pendant que nous sommes absentes, notre production de lait peut être réduite si nous ne le tirons pas régulièrement, que ce soit par pompage, ou par expression manuelle. Toutefois, nous savons que le tirage de lait ne vaut pas la succion d’un bébé.

Quel est mon avis, et mon expérience en tant que mère de lait ?

Vous le savez peut-être, j’allaite actuellement mes deux derniers enfants. De plus, j’ai allaité l’enfant de mon frère avec l'accord de ma belle-sœur. Je ne suis pas totalement mère de lait selon ma pratique religieuse qui requiert plusieurs tétées, mais je suis en train de le devenir. Figurez-vous que ça n’a pas été simple puisqu’au départ l’enfant a refusé de prendre mon sein. Je n’ai pas pu l’allaiter dès le départ puisque j’avais une infection. Par prudence nous avions convenu de reculer le début de l’allaitement croisé. Quand il m’a été possible d’allaiter ma nièce, elle a refusé. Il ne faut pas oublier que l’enfant au-delà de se nourrir, profite d’un moment de partage, d’amour, et de contact avec sa mère, qui passe par sa peau, mais aussi son odeur. Cependant, j’ai dû la garder durant une absence de ma belle-sœur, et là, j’ai réussi pour la première fois à lui donner le sein. J’étais heureuse de pouvoir la nourrir, et soulager de pouvoir l’endormir. L’allaitement croisé est un confort pour la mère de lait quand elle garde l’enfant. Il y a moins d’appréhension dans le cas où bébé pleure. De plus, la maman est rassurée de savoir que son enfant est apaisé.

Conclusion

Nous avons tenté de vous expliquer au cours de cet article ce qu’est une mère de lait, et sa pratique. Comme ce sujet est rarement abordé, il n’y a pas de données claires sur le nombre de mères de lait, qui allaitent occasionnellement, ou régulièrement. Nous pouvons affirmer que les réseaux sociaux ont un effet positif sur la démocratisation de cette pratique qui existe depuis de nombreux siècles. Mais également, ils peuvent être source de déviance, et il est préférable pour nous toutes d’être vigilantes.

Si vous aussi vous avez été mère de lait, ou vous connaissez une personne qui l’a été, venez nous partager votre histoire en commentaires. Nous serons enchantées de connaître votre expérience. Sinon, nous vous invitons à vous inscrire à la newsletter pour vous tenir informée du prochain article de blog, et de nos offres exclusives.

Disclaimer : cet article a été rédigé par mes soins. Je vous rappelle que je ne suis pas une professionnelle de santé, et que vous devez toujours passer par votre sage-femme, médecin généraliste, gynécologue, ou autre professionnel de santé.

Sources :

Le partage de lait informel entre mères - Leche League France

Cross nursing - Leche League Canada

Le don de lait humain - Leche League France

La donation de lait - Leche League International

Les dons de lait pasteurisé, et non pasteurisé - Société canadienne de pédiatrie