Cet article a été co-écrit avec Fiona, médecin généraliste. 

diabète gestationnel

Le diabète gestationnel est souvent une source de craintes chez les femmes enceintes et celles qui envisagent de concevoir un enfant. C’est tout à fait normal étant donné que l’état de santé d’une femme est plus délicat pendant les 9 mois de grossesse. Dans cet article, découvrez tout ce qu’il y a à savoir sur le diabète gestationnel.

Qu’est-ce que le diabète gestationnel ?

Le diabète gestationnel ou diabète de grossesse se définit par un trouble de la tolérance aux glucides. Il se traduit par une élévation du taux de glycémie, c’est-à-dire la quantité de sucre dans le sang, chez une femme enceinte qui n’a jamais vécu avec le diabète jusque-là.

On parle alors de diabète gestationnel lorsque l’hyperglycémie débute ou se remarque pour la première fois lors de la grossesse, plus précisément, vers le sixième mois.

Quelles sont les causes du diabète de grossesse ? 

hormones

On se demande plutôt pourquoi ce trouble glycémique survient lors de la grossesse ? Pour le bon déroulement de la grossesse, il y a une sécrétion de diverses hormones. Cela va entraîner un déséquilibre hormonal notamment au niveau du métabolisme du glucide. En effet, les hormones que le placenta sécrète vont perturber les activités de l’insuline. Pour rappel, cette dernière est une hormone sécrétée par le pancréas en vue de réduire le taux de sucre sanguin.

Chez certaines femmes, le pancréas n’arrive plus à sécréter suffisamment d’insuline pour équilibrer les perturbations. Ainsi, le sucre s’accumule dans le sang ce qui explique l’hyperglycémie.

Dans d’autres cas, la femme est déjà atteinte de diabète de type 2, bien avant sa grossesse. À cause de l’absence des symptômes, c’est lors de la gestation que les signes se révèlent.

Qui est concerné ?

Le diabète gestationnel touche environ 6% des femmes enceintes. Il concerne surtout les femmes qui présentent l’un des 5 principaux facteurs de risques suivants :

  • le surpoids et l’obésité: si l’indice de masse corporelle (IMC) est élevé (supérieur à 25 kg/m3) ;
  • des antécédents de diabète gestationnel sur une précédente grossesse;
  • des antécédents familiaux : c’est-à-dire si l’un des parents est diabétique de type 1 ou la fratrie en est atteint au type 2 ;
  • des antécédents de macrosomie fœtale : si une grossesse antérieure a donné naissance à un bébé qui pèse plus de 4 kg ;
  • une femme enceinte de 35 ans et plus

Comment savoir si je serai touchée par le diabète de grossesse ?

La présence de l’un de ces facteurs de risque peut déjà donner des indices. Toutefois, le fait que vous présentez l’un d’eux ne signifie pas forcément que vous allez présenter un diabète gestationnel. De même, une femme qui ne présente aucun de ces facteurs peut aussi développer cette forme de diabète. La meilleure façon d’en être sûre, c’est de faire un dépistage du diabète de grossesse.

Quand et comment dépiste-t-on le diabète gestationnel ?

Le premier dépistage a lieu au 1er trimestre de grossesse s’il y a la présence d'un ou plusieurs facteurs de risque (cf. les 5 facteurs de risque principaux, ci-dessus). On réalise alors une GAJ (glycémie à jeun). Il existe un diabète gestationnel si la glycémie à jeun est supérieure ou égale à 0,92 g/L

Prise de sang diabète de grossesse

S'il existe des facteurs de risques mais que la glycémie à jeun du 1er trimestre est inférieure à 0,92g/L, on réalise un second dépistage entre la 24 et 28 SA. C’est l'HPGO = hyperglycémie provoquée per os (par voie orale) avec l'ingestion de 75 g de glucose dans de l'eau. 

Glucides diabète de grossesse

Il existe un diabète gestationnel si :

  • la glycémie à jeun est supérieure ou égale à 0,92g/L
  • et/ou si la glycémie à 1 heure après l'ingestion est supérieure ou égale à 1,80g/L 
  • et/ou si la glycémie à 2 heure après l'ingestion est supérieure ou égale à 1,53 g/L. 

Comment se manifeste le diabète gestationnel ?

Le plus souvent le diabète gestationnel est asymptomatique, d’où le dépistage sur facteur de risque. Si on ne le dépiste pas, on s’en rend compte souvent trop tard ; justement parce que c’est symptomatique pendant la grossesse.

Néanmoins, certaines femmes enceintes peuvent ressentir les symptômes suivants : une envie fréquente de boire (une soif exagérée), une envie d’uriner fréquemment avec une quantité importante d’urine, une tendance à s’épuiser très rapidement, des maux de tête fréquents.

Toutefois, ces symptômes sont souvent imperceptibles puisqu’ils sont fréquents chez toutes les femmes enceintes. Il ne faut donc pas s’y fier. Le véritable révélateur reste le dépistage.

Chez le fœtus, ce type de diabète se manifeste par un poids plus élevé que la normale pour son âge gestationnel.

Est-ce grave ? Quels sont les conséquences, les risques et les complications ?

En général, le diabète gestationnel ne dure que lors de la grossesse. Après l’accouchement, ce trouble glycémique cesse.

Mais il arrive que ce problème engendre quand même des conséquences négatives autant sur la santé de la mère que pour le bébé.

Les conséquences chez la maman

Chez la mère, le diabète de grossesse favorise les difficultés d’accouchement puisque le bébé est plus grand que la normale. Le travail est plus long car il y a une difficulté d'expulsion du bébé, une distension importante de l'utérus et donc un risque important d'hémorragie du post partum sur une atonie utérine (= difficulté pour les fibres musculaires de l'utérus de se contracter correctement car la distension de l’utérus est importante lors d’un gros bébé).

Lors d’un accouchement par voie basse, il y a un risque plus important de déchirures cervico-vaginale lors de l'accouchement, de plaies du périnée.

Il y a également un risque plus élevé d’accoucher par césarienne en cas de bébé macrosome (plus de 4kg).

Le risque d’accouchement prématuré s’élève aussi à cause de l’augmentation du volume du liquide amniotique. En outre, il y a un risque de pré-éclampsie, puisque le diabète gestationnel favorise l’hypertension artérielle et l’œdème (enflures non douloureuses).

Plus tard, la maman peut développer un diabète de type 2. Il y a donc un contrôle qui se fait 3 mois puis 6 mois après l’accouchement. Le taux de glycémie sera à contrôler au moins un fois par an.

Les conséquences chez bébé

Chez le bébé, il n’y a pas de malformations congénitales. C’est la macrosomie fœtales (poids de bébé supérieur à 4 kg) qui va impliquer des complications obstétricales et/ou néonatales.

Les complications obstétricales : 

  1. Dystocie des épaules qui ont du mal à sortir lors de l'expulsion, avec un risque de fracture des clavicules, risque de paralysie de plexus brachial, souffrance neurologique 
  2. Hypoxie aiguë : manque d'oxygène car difficulté à sortir 
  3. Disproportion foeto-pelvienne : bébé trop volumineux pour le bassin de la maman donc difficulté à sortir par voie basse ; ce qui implique une césarienne 
  4. Hydramnios : trop plein de liquide amniotique, exposant à un risque important d'accouchement prématuré ou de rupture prématuré des membranes
  5. Risque de mort fœtal in utero

Complications néonatales :

  1. Hypoglycémie néonatale du bébé, surveillance glycémique régulière du bébé pendant les 1ere heures et premiers jours de vie
  2. Détresse respiratoire
  3. Cardio myopathie-hypertrophique
  4. Ictère néonatale (jaunisse) 
  5. Troubles ioniques : hypocalcémie néonatale

 

Comment va se dérouler l’accouchement chez la femme atteinte de diabète gestationnel ?

accouchement

La grossesse et l’accouchement se déroulent normalement s’il n’y a pas de facteurs de risques de complications. Dans ce cas, l’accouchement peut se faire dans une maternité à proximité.

Mais s’il y a des déséquilibres graves, à savoir des malformations ou une croissance fœtale anormale, un déclenchement de l’accouchement sera envisagé, même avant le terme de la grossesse. Si le bébé est trop grand, la césarienne sera inévitable.

Et après la naissance ?

Normalement, le trouble glycémique disparaît après la naissance. Il faut quand même faire des dépistages et des suivis fréquents compte tenu des risques cités ci-dessus.

Puisque le nouveau-né risque l’hypoglycémie, il faudra le nourrir le plus tôt possible, et de préférence, toutes les 40 minutes. Le diabète gestationnel ne doit pas constituer une raison pour ne pas allaiter. Au fil de sa croissance, la glycémie du bébé doit aussi être surveillée de près.

Quelles sont les solutions ? (conseils, traitements)

Il est important de consulter des professionnels de santé. Les solutions proposées consistent généralement à :

  • surveiller soi-même sa glycémie 4 à 6 fois par jour et essayer de garder un taux acceptable (qui ne dépasse pas 0,95 g/l à jeun et 1,20 g/l deux heures après le repas) ;

dextro

  • adapter un régime alimentaire hypoglycémique riche en fibres et aliments à faible indice glycémique ;

manger sain

  • faire des activités physiques régulières adaptées aux femmes enceintes.

sport

Les antidiabétiques oraux sont contre-indiqués lors de la grossesse. Si ces mesures ne suffisent pas, le recours à l’insuline (par injection) sera nécessaire pour restaurer l’équilibre glycémique.

 

article de blog

 

31 mars, 2023 — Sonia MANNOUBI

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